Michele Damasceno, Divina Liturgia, Θεία Λειτουργία, XVI sec., Museo delle Icone e delle Sacre Reliquie dell'Arcidiocesi di Creta, Candia |
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segunda-feira, 4 de fevereiro de 2013
Bienheureux Jean-Martin MOYE (1730-1793) INSTRUCTIONS SUR LE SACRIFICE DE LA MESSE
INSTRUCTIONS PRATIQUES
1. INSTRUCTIONS SUR LE SACRIFICE DE LA MESSE
Du Sacrifice en général
Le sacrifice en général est l’offrande que l’on fait à Dieu
d’une chose qui lui est agréable et qui nous coûte. Si la chose que nous lui
offrons est hors de nous, le sacrifice est extérieur, si elle est dans nous, il
est intérieur. Ainsi le sacrifice de nos biens est un sacrifice extérieur ;
celui que nous faisons de notre raison en la captivant sous le joug de la foi,
de notre cœur en consacrant ses affections à Dieu par la charité, de notre
volonté en la soumettant à la volonté divine, en renonçant pour cela à nos
inclinations et à nos passions, est un sacrifice intérieur. C’est dans ce sens
que nous disons tous les jours que nous faisons à Dieu des sacrifices.
Mais le sacrifice exactement dit est l’offrande d’une chose
extérieure faite à Dieu par un Ministre légitime, avec quelque destruction ou
changement de la chose offerte, pour reconnaître par là le souverain domaine de
Dieu sur toutes les créatures, et pour lui rendre, les hommages qui sont dus à
sa divine Majesté.
1° On appelle la chose que l’on offre l’hostie ou la victime ;
ainsi dans la Messe c’est Jésus-Christ qui est l’hostie et la victime, puisque
c’est lui qui y est offert.
2° L’action par laquelle on offre la victime se nomme
immolation. Il y en a de deux sortes, une immolation réelle, quand on met à mort
la victime que l’on offre ; ainsi sur la Croix l’immolation de Jésus-Christ a
été réelle parce qu’il a été mis à mort, une immolation mystique, lorsque la
victime est représentée comme morte : telle est l’immolation du sacrifice de la
Messe : Jésus-Christ, qui en est la victime, n’est pas mis à mort puisqu’étant
une fois ressuscité il ne meurt plus, comme dit l’Apôtre (Rm 6, 9) ; mais il est
comme mort, puisqu’il n’y donne aucune marque de vie - vidi agnum tanquam
occisum (Ap 5, 6) -, et surtout parce que sa mort est représentée par la
séparation des deux espèces, car l’espèce du vin séparée de celle du pain nous
représente le Sang de Jésus-Christ séparé de son Corps, et nous fait souvenir
par conséquent de la mort de Jésus-Christ ; car dès qu’on se représente le Sang
du Sauveur séparé de son Corps, il est naturel de se rappeler le souvenir de sa
mort, puisqu’un corps ne peut conserver la vie s’il n’est uni à son sang.
Ainsi cette séparation des deux espèces divisées l’une d’avec l’autre sur l’autel est une image sensible de la mort de Jésus-Christ, comme la parcelle de l’hostie que le Prêtre met dans le calice est l’image de la résurrection, parce qu’elle nous représente la réunion de ce sang avec son corps. C’est en cela que consiste toute la différence du sacrifice de la Messe d’avec celui de la Croix, en ce que sur la Croix l’immolation a été réelle, puisque Jésus-Christ y est mort en versant son sang, au lieu que sur l’autel l’immolation, n’est que mystique, c’est-à-dire que la mort de Jésus-Christ y est seulement figurée et représentée. Du reste le sacrifice est le même, puisque Jésus-Christ s’y immole aussi véritablement que sur le Calvaire.
Ainsi cette séparation des deux espèces divisées l’une d’avec l’autre sur l’autel est une image sensible de la mort de Jésus-Christ, comme la parcelle de l’hostie que le Prêtre met dans le calice est l’image de la résurrection, parce qu’elle nous représente la réunion de ce sang avec son corps. C’est en cela que consiste toute la différence du sacrifice de la Messe d’avec celui de la Croix, en ce que sur la Croix l’immolation a été réelle, puisque Jésus-Christ y est mort en versant son sang, au lieu que sur l’autel l’immolation, n’est que mystique, c’est-à-dire que la mort de Jésus-Christ y est seulement figurée et représentée. Du reste le sacrifice est le même, puisque Jésus-Christ s’y immole aussi véritablement que sur le Calvaire.
3° Le Ministre qui immole la victime se nomme le Prêtre,
Sacrificateur, ou Pontife. C’est une personne publique, députée de l’Église pour
offrir à Dieu la victime au nom de tout le peuple qui s’unit à lui et le charge
de ses vœux pour les offrir à Dieu avec la victime qu’il lui immole, pour
reconnaître son souverain domaine et pour adorer sa Majesté, car le sacrifice
est l’acte d’adoration le plus parfait et le plus authentique. C’est pour cela
qu’on ne l’offre qu’à Dieu, puisqu’on n’adore que Dieu seul.
Hommage que le sacrifice rend à Dieu
Or, les hommes témoignent à Dieu leur dépendance par le
Sacrifice,
1° parce qu’en lui offrant par les mains du Prêtre une victime
quelle qu’elle soit, ils reconnaissent que toutes les créatures viennent de lui
et qu’elles lui sont dues : mea sunt omnia (Ex 13, 2).
2° Par l’immolation, c’est-à-dire par la destruction, ou la
mort réelle ou mystique de la victime, nous reconnaissons tous que Dieu est
l’auteur de la vie et de la mort, que nous sommes prêts à mourir comme cette
victime quand il l’ordonnera, que nous avons mérité la mort par le péché, et
que, ne pouvant nous la donner à nous-mêmes, nous substituons cette victime à
notre place ; enfin, que nous sommes disposés à vivre et à nous consumer comme
des victimes pour la gloire et le service de Dieu. C’est ainsi que par le
sacrifice on, reconnaît et on adore la souveraine Majesté de Dieu. C’est pour
cela qu’on en a offert dès le commencement du monde.
Sacrifices de l’ancien testament
Dans l’ancienne loi on offrait trois sortes de sacrifices,
l’holocauste, l’hostie pacifique, et la victime d’expiation.
1° L’holocauste était un sacrifice où la victime immolée
était entièrement brûlée et consumée par le feu, pour rendre uniquement, par
cette immolation et cette consomption de la victime, un hommage absolu et
universel à la souveraine Majesté de Dieu, et l’adorer avec un profond respect.
C’était le sacrifice le plus parfait. C’est pour cela qu’on se sert encore
aujourd’hui de ce terme d’holocauste pour marquer un sacrifice entier et sans
réserve.
2° L’hostie pacifique était instituée pour
remercier Dieu de ses grâces et pour lui en demander de nouvelles.
3° Le sacrifice d’expiation se faisait
pour obtenir le pardon et la rémission de ses péchés, et pour réparer l’outrage
qu’ils avaient fait à Dieu.
Insuffisance des sacrifices de l’ancien testament, et dignité
de celui du nouveau
Mais comme tous ces sacrifices de l’ancienne loi n’étaient
point capables d’honorer Dieu dignement, ni de mériter les grâces du salut, ni
d’expier les péchés, ils ont été abolis tous ; et Jésus-Christ leur a substitué
le sacrifice de son Corps et de son Sang, qu’il a offert uns fois sur la Croix
pour la gloire de son Père et pour le salut des hommes, et qu’il renouvelle
chaque jour sur nos Autels. Ainsi dans la loi nouvelle il n’y a proprement qu’un
seul sacrifice, qui est celui de la Croix, renouvelé et continué par celui de la
Messe, parce qu’il n’y a que ce seul sacrifice qui soit absolument digne de
Dieu, qui lui soit uniquement agréable, et qui puisse mériter les grâces du
salut et expier les péchés des hommes.
1° Ce sacrifice est digne de Dieu et il lui procure la gloire
et l’honneur qu’il mérite, puisqu’on lui offre une victime d’un prix infini,
c’est-à-dire Jésus-Christ qui est Dieu lui-même, égal à son Père.
2° Il lui est uniquement agréable, puisque c’est son Fils
bien-aimé.
3° C’est la source de toutes les grâces du salut, car toutes
les grâces qui ont été données aux hommes, même avant l’Incarnation, viennent
des mérites infinis de Jésus-Christ. Il nous les a mérités en mourant sur la
Croix, et il nous les applique en s’immolant sur nos Autels. Ainsi le sacrifice
de la Croix a amassé le trésor des grâces, et celui de la Messe les distribue à
chacun selon ses dispositions.
4° Le sacrifice de la Croix et de la Messe est plus que
suffisant pour réparer l’outrage infini que les péchés ont fait à Dieu, et pour
les expier, puisqu’une seule goutte du Sang de Jésus-Christ, étant d’un prix
infini, eût suffi pour effacer les péchés du monde entier. De tout cela il
s’ensuit aisément que la Messe est tout ce qu’il y a de plus grand, de plus
saint dans la religion. Rien n’est plus glorieux à Dieu ni plus avantageux pour
l’homme.
Les trois parties les plus essentielles de la Messe sont,
1° la consécration, puisque c’est dans ce moment que
Jésus-Christ descend du ciel sur l’autel, et que le pain et le vin sont changés
en son Corps et en son Sang ;
2° l’offrande du sacrifice, non seulement celle du pain
et du vin, qui se fait à l’offertoire, mais surtout celle de Jésus-Christ même,
qui se fait immédiatement après la consécration, lorsque le Prêtre levant la
sainte Hostie et le Calice vers le Ciel présente au Père éternel son Fils
bien-aimé, et lorsque ensuite, faisant le signe de la Croix sur l’hostie et sur
le calice, il prononce ces paroles : " Nous vous offrons une hostie sainte, une
hostie pure, une hostie sans tache, et le calice du salut éternel
"
[Prière, Unde et memores... après la
consécration dans la messe tridentine]. C’est donc surtout dans
ces deux moments qu’on doit offrir à Dieu, avec le Prêtre, Jésus-Christ en
sacrifice à son Père ;
3° la communion, qui est la participation et la
consommation du sacrifice ; car de même que dans l’ancienne loi le Prêtre, après
avoir offert une victime, y participait lui-même et en faisait part à celui qui
l’avait donnée et pour qui elle avait été offerte, de même dans la nouvelle le
Prêtre, après avoir offert le saint sacrifice de la Messe, doit nécessairement y
participer ; et l’Église souhaiterait que les fidèles pour qui il est offert
vécussent assez saintement pour être en état d’y participer aussi par la
communion sacramentelle. Ils doivent du moins y participer par la communion
spirituelle, qui se fait en s’unissant à Jésus-Christ en esprit par désir et par
amour.
Des dispositions qu’on doit apporter au saint sacrifice de la
Messe
Les dispositions qu’il faut apporter au saint sacrifice de la
Messe sont la foi, le respect, la modestie, l’attention, la dévotion, la
contrition, l’esprit de sacrifice, et la pureté d’intention. La première des
dispositions, c’est la foi, parce qu’il n’y a que la foi qui
puissent nous découvrir les grands mystères qui s’y opèrent et qui s’y
célèbrent ; car tout est mystérieux dans la Messe. À n’envisager ce qui s’y
passe qu’avec les yeux du corps et selon ce qui paraît à nos sens, rien n’est
plus simple. Mais si on considère tout cela par les vues de la foi, rien n’est
plus sublime, puisqu’on y découvre un Dieu environné d’une multitude d’anges qui
l’adorent. Quoi de plus admirable ? Quoi de plus digne de notre attention et de
notre respect ? Tous les grands mystères de notre religion sont contenus,
renouvelés, ou du moins représentés dans l’auguste sacrifice de la Messe : celui
de la Trinité, puisque les trois Personnes y sont présentes ; celui de
l’Incarnation, puisque le Fils de Dieu descend de nouveau du sein de la gloire
de son Père pour venir habiter parmi nous ; celui de la Rédemption ; puisque
Jésus-Christ s’immole sur l’autel comme il s’est immolé sur la calvaire.
Aussi toutes les cérémonies de la Messe nous représentent à
chaque moment ces mystères et beaucoup d’autres : le trisagion,
c’est-à-dire ces paroles, " Saint, saint, saint ", et toutes les autres choses
que l’on répète trois fois, comme le Kyrie eleison, l’Agnus
Dei, le Domine, non sum dignus, les signes de
croix, nous rappellent le souvenir des trois adorables Personnes de la Trinité.
L’eau mêlée avec le vin nous représente la nature humaine unie à la nature divine dans la personne du Fils de Dieu : voilà une image du mystère de l’Incarnation. Elle peut nous figurer aussi l’union de l’Église avec Jésus-Christ ; et selon cette explication le vin représente Jésus-Christ et l’eau le peuple. C’est pour cela que le Prêtre bénit l’eau et non pas le vin. Pour le mystère de la Rédemption, il y est réellement renouvelé : quant à l’oblation de la victime, qui est la même que celle de la Croix, et mystiquement quant à l’immolation, puisque la mort du Sauveur y est représentée par la séparation des deux espèces, et la résurrection par leur réunion, comme on l’a fait voir. L’hostie, faite de farine composée de plusieurs grains de froment, séparés d’abord, puis réunis dans une même pâte, marque l’unité de l’Église, qui est un corps mystique, composé de tous les fidèles réunis par une même foi. L’élévation de la sainte Hostie nous rappelle le souvenir du Sauveur élevé en croix. Le livre des évangiles ôté du côté de l’épître et porté de l’autre côté marque la réprobation des Juifs qui n’ont pas voulu écouter l’Évangile, et la vocation des Gentils qui l’ont reçu. Vers la fin de la Messe on le rapportera dans l’endroit où on l’avait pris d’abord, parce qu’à la fin du monde les Juifs se convertiront.
L’eau mêlée avec le vin nous représente la nature humaine unie à la nature divine dans la personne du Fils de Dieu : voilà une image du mystère de l’Incarnation. Elle peut nous figurer aussi l’union de l’Église avec Jésus-Christ ; et selon cette explication le vin représente Jésus-Christ et l’eau le peuple. C’est pour cela que le Prêtre bénit l’eau et non pas le vin. Pour le mystère de la Rédemption, il y est réellement renouvelé : quant à l’oblation de la victime, qui est la même que celle de la Croix, et mystiquement quant à l’immolation, puisque la mort du Sauveur y est représentée par la séparation des deux espèces, et la résurrection par leur réunion, comme on l’a fait voir. L’hostie, faite de farine composée de plusieurs grains de froment, séparés d’abord, puis réunis dans une même pâte, marque l’unité de l’Église, qui est un corps mystique, composé de tous les fidèles réunis par une même foi. L’élévation de la sainte Hostie nous rappelle le souvenir du Sauveur élevé en croix. Le livre des évangiles ôté du côté de l’épître et porté de l’autre côté marque la réprobation des Juifs qui n’ont pas voulu écouter l’Évangile, et la vocation des Gentils qui l’ont reçu. Vers la fin de la Messe on le rapportera dans l’endroit où on l’avait pris d’abord, parce qu’à la fin du monde les Juifs se convertiront.
Toutes les autres cérémonies de la Messe sont pleines de
mystères, et tout ce qu’on y voit, tout ce qu’on y entend, tout ce qui s’y passe
est mystérieux. L’autel est la figure du calvaire, et la pierre d’autel celle de
Jésus-Christ, qui est la pierre fondamentale de son Église. Les cierges sont
aussi le symbole du Sauveur, qui est la lumière du monde. Les ornements, leurs
différentes couleurs, les habits sacerdotaux ont chacun leur signification. Le
silence que l’on garde par intervalle se fait pour inspirer un plus profond
respect ; il peut aussi nous rappeler le silence de Jésus-Christ dans la
passion. Les orgues représentent les neufs chœurs des Anges qui chantent les
louanges de Dieu chacun selon son rang ; c’est pour cela qu’on en touche au
Gloria in excelsis et non au Credo, parce que le
Gloria in excelsis est le cantique des Anges, et le
Credo est la profession de foi des hommes sur la terre. Les fidèles
chantent aussi alternativement avec l’orgue, parce que l’Église qui est sur la
terre s’unit à celle du ciel pour célébrer les louanges de Dieu. C’est ce
qu’elle fait surtout à la préface, où, après avoir fait mention des hommages et
des adorations que ces esprits célestes rendent à la Majesté divine, elle la
prie de vouloir bien nous permettre de mêler nos faibles voix à leurs divins
concerts : cum quibus et nostras voces
ut admitti jubeas deprecamur
[Cette formule
termine plusieurs préfaces de la messe]. Elle s’unit aussi aux
âmes du purgatoire dans le memento des morts. Ainsi les trois Églises, la
triomphante qui est au ciel, la militante qui est sur la terre, et la souffrante
qui est dans le purgatoire, se réunissent à la Messe comme les membres d’un même
corps avec Jésus-Christ qui en est le chef. Elles l’offrent à Dieu, et elles
s’offrent elles-mêmes avec lui, comme dit saint Augustin : in eo
quod offert Ecclesia et ipsa offertur.
Il faut donc de la foi pour assister avec fruit à la célébration de nos divins
mystères.
La seconde disposition qu’il faut y apporter, c’est le
respect, et un respect profond. " Tremblez ", dit le Seigneur, " tremblez
à la face de mon Sanctuaire " (Lv 26, 2). Nous tremblerions en effet si nous
avions une foi vive à la vue de la Majesté d’un Dieu présent sur nos Autels, et
à l’aspect de tous les augustes mystères qui s’y représentent.
La troisième, c’est la modestie. Elle compose notre
maintien extérieur dans une posture convenable à la sainteté et à la grandeur du
sacrifice. Elle naît de la foi et du respect intérieur dont elle est
l’expression naturelle. Sans cela c’est une hypocrisie. On doit se tenir à
genoux aux Messes basses, et se conformer au chœur aux Messes solennelles.
La quatrième, l’attention, pour ne pas être
volontairement distrait par des pensées étrangères et une vue égarée.
La cinquième, la dévotion : on doit assister à la Messe
avec les mêmes sentiments de confiance, d’amour, et de reconnaissance qu’on eût
aux pieds de la Croix en voyant le Sang de Jésus-Christ couler de ses veines et
répandu sur le calvaire.
La sixième, la contrition : quel motif de regret pour
nous lorsque nous pensons que ce sont nos péchés qui sont la cause de la mort du
Sauveur, et que c’est pour les expier et pour réparer l’outrage qu’ils avaient
fait à la Majesté divine qu’il a tant souffert, et que c’est pour nous en
retenir la rémission qu’il présente encore dans le sacrifice de la Messe cette
même mort et ces souffrances à Dieu son Père, afin d’apaiser sa colère, de
fléchir sa justice, et nous rendre sa miséricorde propice. Le sacrifice de la
Messe est donc une des plus grandes ressources, ou pour mieux dire l’unique
ressource qui reste au pécheur pour obtenir le pardon de ses crimes. Mais il la
rend inutile s’il y assiste sans un repentir sincère de les avoir commis et sans
un désir efficace de les quitter. Il y a même bien des théologiens qui
prétendent qu’une personne qui assiste à la Messe en état de péché mortel, sans
aucun sentiment de pénitence, et sans aucune envie de se convertir, fait un
nouveau péché.
La septième, un esprit de sacrifice, qui
nous porte à nous offrir nous-mêmes avec Jésus-Christ sans réserve, nos corps,
nos âmes, nos biens, notre réputation, notre repos, notre santé, notre vie même,
faisant à Dieu un sacrifice universel de tout ce que nous sommes, et surtout de
nos inclinations et de nos passions favorites, nous dépouillant de tout,
renonçant à tout et à nous-mêmes, pour imiter en cela le Sauveur qui a tout
sacrifié à son Père, livrant son Corps à ses bourreaux et son âme à la mort,
expirant nu sur la Croix.
La huitième enfin, l’intention, nous devons d’abord en
général, en offrant le sacrifice de la Messe à Dieu, avoir les mêmes vues que
Jésus-Christ avait lorsqu’il s’est offert lui-même sur le calvaire, et qu’il a
encore en s’immolant sur l’autel. Nous devons aussi unir notre intention à celle
du Prêtre et à celle de toute l’Église. Mais les quatre fins essentielles pour
lesquelles on offre à Dieu le sacrifice de la Messe sont,
1° pour lui rendre tout le culte et l’hommage qui lui est dû,
pour honorer toutes ses perfections et tous les mystères de la religion, surtout
ceux qui sont représentés à la Messe ;
2° pour réparer l’injure et l’outrage que nos péchés ont faits
à sa Majesté divine et pour en obtenir le pardon ;
3° pour le remercier des grâces qu’il nous a faites ;
4° pour lui demander toutes celles dont nous avons besoin.
Voilà les quatre fins principales que l’on doit se proposer en
assistant au saint sacrifice de la Messe. On peut y en ajouter d’autres, pourvu
qu’elles tendent à la gloire de Dieu et à notre salut ou à celui du prochain. On
ne dit pas se contenter de demander en général les grâces du salut ; mais il est
bon de les spécifier en entrant dans le détail, se rappelant des plus grands
péchés pour en demander le pardon, ses passions dominantes pour en obtenir la
victoire, et les vertus qui nous sont les plus nécessaires pour les solliciter
en vertu du sacrifice. Et on doit demander toutes ces grâces non seulement pour
soi, mais pour tous les fidèles, comme il est dit dans le prône, et comme il a
été dit ci-dessus dans l’article sur le zèle des fidèles pour l’Église. La
meilleure manière d’entendre la Messe : c’est de suivre le Prêtre et de faire à
peu près les mêmes prières que lui.
2. PRIÈRES DURANT LA SAINTE MESSE
PRIÈRE AVANT LA MESSE pour se disposer à la bien
entendre
Je me présente, ô mon adorable Sauveur, devant les saints
Autels pour assister à votre divin sacrifice. Daignez, ô mon Dieu, m’en
appliquer tout le fruit que vous souhaitez que j’en retire, et suppléez aux
dispositions qui me manquent.
Disposez mon cœur aux doux effets de votre bonté ; fixez mes
sens ; réglez mon esprit ; purifiez mon âme ; effacez par votre Sang tous les
péchés dont vous voyez que je suis coupable. Oubliez les tous, ô Dieu de
miséricorde. Je les déteste pour l’amour de vous ; je vous en demande très
humblement pardon, pardonnant moi-même de bon cœur à tous ceux qui auraient pu
m’offenser. Faites, ô mon doux Jésus, qu’unissant mes intentions aux vôtres, je
me sacrifie tout à vous, comme vous vous sacrifiez entièrement pour moi. Ainsi
soit-il.
COMMENCEMENT DE LA MESSE :
In nomine Paris, et Filii, et Spiritus Sancti. Amen.
C’est en votre Nom, adorable Trinité, c’est pour vous rendre
l’honneur et les hommages qui vous sont dus, que j’assiste au très saint et très
auguste Sacrifice.
Permettez-moi, divin Sauveur, de m’unir d’intention au
ministère de vos autels, pour offrir la précieuse Victime de mon salut, et
donnez-moi les sentiments que j’aurais dû avoir sur le Calvaire, si j’avais
assisté au sacrifice sanglant de votre Passion.
CONFITEOR...
Repassez dans l’ouverture de votre cœur les péchés que vous
avez commis. Rappelez en gros et confusément ceux qui vous humilient davantage.
Exposez à Dieu vos faiblesses ; priez-le qu’il vous les pardonne, et que
l’absolution de vos misères attire sur vous en ce Sacrifice l’abîme de ses
miséricordes.
XXX
[
L’auteur écrit dans son Avertissement : " On a tiré
l’ordinaire de la Messe de la Journée chrétienne, manuel de prière en usage dans
les diocèses ". Presque chaque diocèse avait son manuel. On peut se demander si
Moye a emprunté à cet ouvrage tout ce qui suit le sous-titre, Prières
durant la Messe, ou seulement les prières. Les prières ne
sont pas de Moye, mais il est vraisemblable que les recommandations sont de lui.
Les omissions sont indiquées par XXX. Les sections omises sont reproduites à la
fin du Directoire des Sœurs de la
Providence. Note de l’éditeur].
KYRIE ELEISON
Entretenez-vous dans un doux sentiment de confiance en la bonté
de Dieu, qui, vous permettant d’employer un moyen aussi efficace que celui-ci
pour demander la grâce de votre réconciliation, vous donne en même temps un gage
assuré que vous pourrez l’obtenir.
XXX
GLORIA IN EXCELSIS...
Conservez un grand désir de procurer à Dieu toute la gloire, et
au prochain tout le bien que vous pourrez. Réjouissez-vous avec les Anges de la
part que vous avez à la connaissance des saints Mystères. Remplissez-vous des
hautes et magnifiques idées de la majesté de Dieu et de Jésus-Christ son
Fils.
XXX
ORAISON
Accordez-nous, Seigneur, par l’intercession de la Sainte Vierge
et des Saints que nous honorons, toutes les grâces que votre Ministre vous
demande pour lui et pour nous. M’unissant à lui, je vous fais la même prière
pour ceux et celles pour lesquels je suis obligé de prier, et je vous demande,
Seigneur, tous les secours que vous savez nous être nécessaires, afin d’obtenir
la vie éternelle, au Nom de Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.
ÉPÎTRE
Transportez-vous en esprit au temps des Patriarches et des
Prophètes, qui ne respiraient qu’après le Messie. Entrez dans leurs
empressements. Formez leurs désirs, prenez les sentiments qu’ils eurent alors.
Vous attendez le même Sauveur ; et, plus heureux qu’eux, vous le verrez.
Mon Dieu, vous m’avez appelé à la connaissance de votre sainte
Loi, préférablement à tant de Peuples qui vivent dans l’ignorance de vos
mystères. Je l’accepte de tout cœur, cette divine Loi, et j’écoute avec respect
les sacrés oracles que vous avez prononcés par la bouche de vos Prophètes. Je
les révère avec toute la soumission qui est due à la parole d’un Dieu, et j’en
vois l’accomplissement avec toute la joie de mon âme.
Que n’ai-je pour vous, ô mon Dieu, un cœur semblable à celui
des Saints de votre ancien testament ! Que ne puis-je vous désirer avec l’ardeur
des Patriarches, vous connaître et vous révérer comme les Prophètes, vous aimer
et m’attacher uniquement à vous comme les Apôtres !
ÉVANGILE
Regardez l’évangile que vous allez entendre comme la règle de
votre foi et de vos mœurs, règle que Jésus-Christ lui-même vous a adressée, et
que vous avez promis de suivre par les engagements du baptême, règle que vous
observez mal, et sur laquelle vous serez jugé sans adoucissement et sans
appel.
Ce ne sont plus, ô mon Dieu, les prophètes et les apôtres qui
vont m’instruire de mes devoirs, c’est votre Fils unique, c’est sa parole que je
veux entendre. Mais hélas ! que me servira d’avoir cru que c’est votre parole,
Seigneur JÉSUS, si je n’agis pas conformément à ma croyance ? Que me servira,
lorsque je paraîtrai devant vous, d’avoir eu la foi sans le mérite de la charité
et des bonnes œuvres ?
Je crois, et je vis comme si je ne croyais pas ou comme si je
croyais un évangile contraire au vôtre. Ne me jugez pas, ô mon Dieu, pour cette
opposition perpétuelle que je mets entre vos maximes et ma conduite. Je crois,
mais inspirez-moi le courage et la force de pratiquer ce que je crois. À vous,
Seigneur, en reviendra toute la gloire.
CREDO
Affermissez ici votre foi. Tout ce que l’Église vous propose à
croire est fondé sur la parole de Dieu annoncée par les Prophètes, révélée dans
les écritures, déclarée par les miracles, vérifiée par l’établissement de la
foi, confirmée par les martyrs, et rendue sensible part la sainteté de notre
religion et par le solide consentement de tous ceux qui la professent avec
fidélité.
XXX
OFFERTOIRE
Songez au bonheur inconcevable que vous avez de trouver dans ce
Sacrifice de quoi honorer parfaitement Dieu, le remercier d’une manière qui
égale ses dons, effacer entièrement vos péchés ; et obtenir toutes les grâces
dont vous avez besoin ; et mettez à profit tous les précieux moments de cet
inestimable bonheur.
XXX
PRÉFACE
Élevez-vous en esprit dans le ciel jusqu’au pied du trône de la
Divinité. Là, pénétré d’une sainte et respectueuse crainte à la vue de cette
éclatante Majesté, rendez-lui vos hommages et mêlez vos louanges aux célestes
cantiques des Anges et des Chérubins qui l’environnent.
Voici l’heureux moment où le Roi des Anges et des hommes va
paraître.
Seigneur, remplissez-moi de votre esprit. Que mon cœur, dégagé
de la terre, ne pense qu’à vous ! Quelle obligation n’ai-je pas de vous bénir et
de vous louer en tout temps et en tout lieu, Dieu du Ciel et de la terre, Maître
infiniment grand, Père tout-puissant et éternel !
Rien n’est plus juste, rien n’est plus avantageux que de nous
unir à Jésus-Christ pour vous adorer continuellement. C’est par lui que tous les
esprits bienheureux rendent leurs hommages à votre Majesté. C’est par lui que
toutes les Vertus du Ciel, saisies d’une frayeur respectueuse, s’unissent pour
vous glorifier. Souffrez, Seigneur, que nous joignions nos faibles louanges à
celles de ces saintes intelligences, et que de concert avec elles nous disions
dans un transport de joie et d’admiration :
SANCTUS
XXX
LE CANON
Représentez-vous ici l’autel sur lequel Jésus-Christ va se
rendre comme sur le Trône de sa miséricorde, où vous avez droit de vous
présenter pour exposer tous vos besoins, pour demander, et pour obtenir. Dieu
qui nous donne son propre Fils peut-il nous refuser quelque chose ?
XXX
Que n’ai-je en ce moment, ô mon Dieu, les désirs enflammés avec
lesquels les saints patriarches souhaitaient la venue du Messie ! Que n’ai-je
leur foi et leur amour ! Venez, Seigneur Jésus, venez, aimable Réparateur du
monde, venez accomplir un mystère qui est l’abrégé de toutes les merveilles. Il
vient, cet Agneau de Dieu : voici l’adorable Victime, par qui tous les péchés du
monde sont effacés.
ÉLÉVATION
Voilà votre Dieu, votre Sauveur, votre Juge ! Soyez quelque
temps dans le silence, comme saisi d’admiration à la vue de ce qui se passe sur
l’autel. Rappelez toute votre ferveur et livrez-vous à tous les sentiments que
le respect, la confiance, et la crainte sont capables d’inspirer.
XXX
SUITE DU CANON
Contemplez affectueusement votre Sauveur sur l’autel. Méditez
les Mystères qu’il y renouvelle. Unissez le Sacrifice de votre cœur à celui de
son Corps. Offrez-le à Dieu son Père, suppliez-le d’accepter les prières que ce
cher Fils lui fait pour vous, et priez vous-mêmes pour les autres.
XXX
PATER NOSTER
Nous voici avec Jésus sur un nouveau Calvaire. Tenons-nous au
pied de la Croix avec une tendre compassion comme Madeleine, avec un amour
fidèle comme saint Jean, avec espérance de le voir un jour dans sa gloire comme
les autres Disciples. Regardons-le quelquefois de loin, et pleurons nos péchés
avec saint Pierre.
XXX
AGNUS DEI
Dieu, qui est si glorieux dans le Ciel, si puissant sur la
terre, si terrible dans les enfers, n’est ici qu’un Agneau plein de douceur et
de bonté. Il y vient pour effacer les péchés du monde et en particulier les
vôtres. Quel motif de confiance ! Quel sujet de consolation !
XXX
COMMUNION
Pour communier spirituellement, renouvelez par un acte de foi
le sentiment que vous avez de la présence de Jésus-Christ. Formez un acte de
contrition. Excitez dans votre cœur un désir ardent de le recevoir avec le
Prêtre. Priez-le qu’il agrée ce désir et qu’il s’unisse à vous en vous
communiquant ses grâces.
Si vous voulez communier sacramentellement, servez-vous ici des
prières avant la Communion qui sont ci-après.
XXX
DERNIÈRES ORAISONS
Efforcez-vous de rendre au Seigneur sacrifice pour sacrifice,
en devenant la victime de son amour, en lui immolant toutes les recherches de
l’amour propre, toutes les attentions du respect humain, toutes les répugnances,
et toutes les inclinations qui ne s’accorderaient pas avec l’accomplissement de
vos devoirs.
Vous venez, ô mon Dieu, de vous immoler pour mon salut, je veux
me sacrifier pour votre gloire. Je suis votre victime, ne m’épargnez point.
J’accepte de bon cœur toutes les croix qu’il vous plaira de m’envoyer. Je les
bénis, je les reçois de votre main, et je les unis à la vôtre.
Je sors purifié de vos saints mystères. Je fuirai avec horreur
les moindres taches de péché, surtout celui où mon penchant m’entraîne avec plus
de violence. Je serai fidèle à votre foi, et je suis résolu de tout perdre et de
tout souffrir plutôt que de la violer.
BÉNÉDICTION
Bénissez, ô mon Dieu, ces saintes résolutions ; bénissez-nous
tous de la main de votre Ministre, et que les effets de votre bénédiction
demeurent éternellement en nous. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Ainsi soit-il.
DERNIER ÉVANGILE
Verbe divin, Fils unique du Père, lumière du monde, venue du
ciel pour nous en montrer le chemin. Ne permettez pas que je ressemble à ce
peuple infidèle qui a refusé de vous reconnaître pour le Messie. Ne souffrez pas
que je tombe dans le même aveuglement que ces malheureux qui ont mieux aimé
devenir esclaves de Satan que d’avoir part à la glorieuse adoption d’enfants de
Dieu que vous veniez leur procurer.
Verbe fait chair, je vous adore avec le respect le plus
profond ; je mets toute ma confiance en vous seul, espérant fermement que
puisque vous êtes mon Dieu ; et un Dieu qui s’est fait homme afin de sauver les
hommes, vous m’accorderez les grâces nécessaires pour me sanctifier et vous
posséder éternellement dans le Ciel. Ainsi soit-il.
Ne sortez pas de l’église sans avoir témoigné votre
reconnaissance pour toutes les grâces que Dieu vous a faites dans ce Sacrifice.
Conservez-en précieusement le fruit, et faites qu’on demeure convaincu en vous
voyant que vous avez profité de la mort et de l’immolation d’un Dieu Sauveur.
3. PRIÈRES APRÈS LA SAINTE MESSE
Seigneur, je vous remercie de la grâce que vous m’avez faite en
me permettant aujourd’hui d’assister au Sacrifice de la sainte Messe,
préférablement à tant d’autres qui n’ont pas eu le même bonheur. Et je vous
demande pardon de toutes les fautes que j’ai commises par la dissipation et la
langueur où je me suis laissé aller en votre présence. Que ce Sacrifice, ô mon
Dieu, me purifie pour le passé et me fortifie pour l’avenir.
Permettez-moi, divin Sauveur, de m’unir d’intention au
ministère de vos autels, pour offrir la précieuse Victime de mon salut, et
donnez-moi les sentiments que j’aurais dû avoir sur le Calvaire, si j’avais
assisté au sacrifice sanglant de votre Passion.
CONFITEOR...
Repassez dans l’ouverture de votre cœur les péchés que vous
avez commis. Rappelez en gros et confusément ceux qui vous humilient davantage.
Exposez à Dieu vos faiblesses ; priez-le qu’il vous les pardonne, et que
l’absolution de vos misères attire sur vous en ce Sacrifice l’abîme de ses
miséricordes.
XXX
[
L’auteur écrit dans son Avertissement : " On a tiré
l’ordinaire de la Messe de la Journée chrétienne, manuel de prière en usage dans
les diocèses ". Presque chaque diocèse avait son manuel. On peut se demander si
Moye a emprunté à cet ouvrage tout ce qui suit le sous-titre, Prières
durant la Messe, ou seulement les prières. Les prières ne
sont pas de Moye, mais il est vraisemblable que les recommandations sont de lui.
Les omissions sont indiquées par XXX. Les sections omises sont reproduites à la
fin du Directoire des Sœurs de la
Providence. Note de l’éditeur].
KYRIE ELEISON
Entretenez-vous dans un doux sentiment de confiance en la bonté
de Dieu, qui, vous permettant d’employer un moyen aussi efficace que celui-ci
pour demander la grâce de votre réconciliation, vous donne en même temps un gage
assuré que vous pourrez l’obtenir.
GLORIA IN EXCELSIS...
Conservez un grand désir de procurer à Dieu toute la gloire, et
au prochain tout le bien que vous pourrez. Réjouissez-vous avec les Anges de la
part que vous avez à la connaissance des saints Mystères. Remplissez-vous des
hautes et magnifiques idées de la majesté de Dieu et de Jésus-Christ son
Fils.
XXX
ORAISON
Accordez-nous, Seigneur, par l’intercession de la Sainte Vierge
et des Saints que nous honorons, toutes les grâces que votre Ministre vous
demande pour lui et pour nous. M’unissant à lui, je vous fais la même prière
pour ceux et celles pour lesquels je suis obligé de prier, et je vous demande,
Seigneur, tous les secours que vous savez nous être nécessaires, afin d’obtenir
la vie éternelle, au Nom de Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.
ÉPÎTRE
Transportez-vous en esprit au temps des Patriarches et des
Prophètes, qui ne respiraient qu’après le Messie. Entrez dans leurs
empressements. Formez leurs désirs, prenez les sentiments qu’ils eurent alors.
Vous attendez le même Sauveur ; et, plus heureux qu’eux, vous le verrez.
Mon Dieu, vous m’avez appelé à la connaissance de votre sainte
Loi, préférablement à tant de Peuples qui vivent dans l’ignorance de vos
mystères. Je l’accepte de tout cœur, cette divine Loi, et j’écoute avec respect
les sacrés oracles que vous avez prononcés par la bouche de vos Prophètes. Je
les révère avec toute la soumission qui est due à la parole d’un Dieu, et j’en
vois l’accomplissement avec toute la joie de mon âme.
Que n’ai-je pour vous, ô mon Dieu, un cœur semblable à celui
des Saints de votre ancien testament ! Que ne puis-je vous désirer avec l’ardeur
des Patriarches, vous connaître et vous révérer comme les Prophètes, vous aimer
et m’attacher uniquement à vous comme les Apôtres !
ÉVANGILE
Regardez l’évangile que vous allez entendre comme la règle de
votre foi et de vos mœurs, règle que Jésus-Christ lui-même vous a adressée, et
que vous avez promis de suivre par les engagements du baptême, règle que vous
observez mal, et sur laquelle vous serez jugé sans adoucissement et sans
appel.
Ce ne sont plus, ô mon Dieu, les prophètes et les apôtres qui
vont m’instruire de mes devoirs, c’est votre Fils unique, c’est sa parole que je
veux entendre. Mais hélas ! que me servira d’avoir cru que c’est votre parole,
Seigneur JÉSUS, si je n’agis pas conformément à ma croyance ? Que me servira,
lorsque je paraîtrai devant vous, d’avoir eu la foi sans le mérite de la charité
et des bonnes œuvres ?
Je crois, et je vis comme si je ne croyais pas ou comme si je
croyais un évangile contraire au vôtre. Ne me jugez pas, ô mon Dieu, pour cette
opposition perpétuelle que je mets entre vos maximes et ma conduite. Je crois,
mais inspirez-moi le courage et la force de pratiquer ce que je crois. À vous,
Seigneur, en reviendra toute la gloire.
CREDO
Affermissez ici votre foi. Tout ce que l’Église vous propose à
croire est fondé sur la parole de Dieu annoncée par les Prophètes, révélée dans
les écritures, déclarée par les miracles, vérifiée par l’établissement de la
foi, confirmée par les martyrs, et rendue sensible part la sainteté de notre
religion et par le solide consentement de tous ceux qui la professent avec
fidélité.
XXX
OFFERTOIRE
Songez au bonheur inconcevable que vous avez de trouver dans ce
Sacrifice de quoi honorer parfaitement Dieu, le remercier d’une manière qui
égale ses dons, effacer entièrement vos péchés ; et obtenir toutes les grâces
dont vous avez besoin ; et mettez à profit tous les précieux moments de cet
inestimable bonheur.
XXX
PRÉFACE
Élevez-vous en esprit dans le ciel jusqu’au pied du trône de la
Divinité. Là, pénétré d’une sainte et respectueuse crainte à la vue de cette
éclatante Majesté, rendez-lui vos hommages et mêlez vos louanges aux célestes
cantiques des Anges et des Chérubins qui l’environnent.
Voici l’heureux moment où le Roi des Anges et des hommes va
paraître.
Seigneur, remplissez-moi de votre esprit. Que mon cœur, dégagé
de la terre, ne pense qu’à vous ! Quelle obligation n’ai-je pas de vous bénir et
de vous louer en tout temps et en tout lieu, Dieu du Ciel et de la terre, Maître
infiniment grand, Père tout-puissant et éternel !
Rien n’est plus juste, rien n’est plus avantageux que de nous
unir à Jésus-Christ pour vous adorer continuellement. C’est par lui que tous les
esprits bienheureux rendent leurs hommages à votre Majesté. C’est par lui que
toutes les Vertus du Ciel, saisies d’une frayeur respectueuse, s’unissent pour
vous glorifier. Souffrez, Seigneur, que nous joignions nos faibles louanges à
celles de ces saintes intelligences, et que de concert avec elles nous disions
dans un transport de joie et d’admiration :
SANCTUS
XXX
LE CANON
Représentez-vous ici l’autel sur lequel Jésus-Christ va se
rendre comme sur le Trône de sa miséricorde, où vous avez droit de vous
présenter pour exposer tous vos besoins, pour demander, et pour obtenir. Dieu
qui nous donne son propre Fils peut-il nous refuser quelque chose ?
XXX
Que n’ai-je en ce moment, ô mon Dieu, les désirs enflammés avec
lesquels les saints patriarches souhaitaient la venue du Messie ! Que n’ai-je
leur foi et leur amour ! Venez, Seigneur Jésus, venez, aimable Réparateur du
monde, venez accomplir un mystère qui est l’abrégé de toutes les merveilles. Il
vient, cet Agneau de Dieu : voici l’adorable Victime, par qui tous les péchés du
monde sont effacés.
ÉLÉVATION
Voilà votre Dieu, votre Sauveur, votre Juge ! Soyez quelque
temps dans le silence, comme saisi d’admiration à la vue de ce qui se passe sur
l’autel. Rappelez toute votre ferveur et livrez-vous à tous les sentiments que
le respect, la confiance, et la crainte sont capables d’inspirer.
XXX
SUITE DU CANON
Contemplez affectueusement votre Sauveur sur l’autel. Méditez
les Mystères qu’il y renouvelle. Unissez le Sacrifice de votre cœur à celui de
son Corps. Offrez-le à Dieu son Père, suppliez-le d’accepter les prières que ce
cher Fils lui fait pour vous, et priez vous-mêmes pour les autres.
XXX
PATER NOSTER
Nous voici avec Jésus sur un nouveau Calvaire. Tenons-nous au
pied de la Croix avec une tendre compassion comme Madeleine, avec un amour
fidèle comme saint Jean, avec espérance de le voir un jour dans sa gloire comme
les autres Disciples. Regardons-le quelquefois de loin, et pleurons nos péchés
avec saint Pierre.
XXX
AGNUS DEI
Dieu, qui est si glorieux dans le Ciel, si puissant sur la
terre, si terrible dans les enfers, n’est ici qu’un Agneau plein de douceur et
de bonté. Il y vient pour effacer les péchés du monde et en particulier les
vôtres. Quel motif de confiance ! Quel sujet de consolation !
XXX
COMMUNION
Pour communier spirituellement, renouvelez par un acte de foi
le sentiment que vous avez de la présence de Jésus-Christ. Formez un acte de
contrition. Excitez dans votre cœur un désir ardent de le recevoir avec le
Prêtre. Priez-le qu’il agrée ce désir et qu’il s’unisse à vous en vous
communiquant ses grâces.
Si vous voulez communier sacramentellement, servez-vous ici des
prières avant la Communion qui sont ci-après.
XXX
DERNIÈRES ORAISONS
Efforcez-vous de rendre au Seigneur sacrifice pour sacrifice,
en devenant la victime de son amour, en lui immolant toutes les recherches de
l’amour propre, toutes les attentions du respect humain, toutes les répugnances,
et toutes les inclinations qui ne s’accorderaient pas avec l’accomplissement de
vos devoirs.
Vous venez, ô mon Dieu, de vous immoler pour mon salut, je veux
me sacrifier pour votre gloire. Je suis votre victime, ne m’épargnez point.
J’accepte de bon cœur toutes les croix qu’il vous plaira de m’envoyer. Je les
bénis, je les reçois de votre main, et je les unis à la vôtre.
Je sors purifié de vos saints mystères. Je fuirai avec horreur
les moindres taches de péché, surtout celui où mon penchant m’entraîne avec plus
de violence. Je serai fidèle à votre foi, et je suis résolu de tout perdre et de
tout souffrir plutôt que de la violer.
BÉNÉDICTION
Bénissez, ô mon Dieu, ces saintes résolutions ; bénissez-nous
tous de la main de votre Ministre, et que les effets de votre bénédiction
demeurent éternellement en nous. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Ainsi soit-il.
DERNIER ÉVANGILE
Verbe divin, Fils unique du Père, lumière du monde, venue du
ciel pour nous en montrer le chemin. Ne permettez pas que je ressemble à ce
peuple infidèle qui a refusé de vous reconnaître pour le Messie. Ne souffrez pas
que je tombe dans le même aveuglement que ces malheureux qui ont mieux aimé
devenir esclaves de Satan que d’avoir part à la glorieuse adoption d’enfants de
Dieu que vous veniez leur procurer.
Verbe fait chair, je vous adore avec le respect le plus
profond ; je mets toute ma confiance en vous seul, espérant fermement que
puisque vous êtes mon Dieu ; et un Dieu qui s’est fait homme afin de sauver les
hommes, vous m’accorderez les grâces nécessaires pour me sanctifier et vous
posséder éternellement dans le Ciel. Ainsi soit-il.
Ne sortez pas de l’église sans avoir témoigné votre
reconnaissance pour toutes les grâces que Dieu vous a faites dans ce Sacrifice.
Conservez-en précieusement le fruit, et faites qu’on demeure convaincu en vous
voyant que vous avez profité de la mort et de l’immolation d’un Dieu Sauveur.
3. PRIÈRES APRÈS LA SAINTE MESSE
Seigneur, je vous remercie de la grâce que vous m’avez faite en
me permettant aujourd’hui d’assister au Sacrifice de la sainte Messe,
préférablement à tant d’autres qui n’ont pas eu le même bonheur. Et je vous
demande pardon de toutes les fautes que j’ai commises par la dissipation et la
langueur où je me suis laissé aller en votre présence. Que ce Sacrifice, ô mon
Dieu, me purifie pour le passé et me fortifie pour l’avenir.
Je vais présentement avec confiance aux occupations où votre
volonté m’appelle. Je me souviendrai toute cette journée de la grâce que vous
venez de me faire, et je tâcherai de ne laisser échapper aucune parole, aucune
action, de ne former aucun désir ni aucune pensée qui me fasse perdre le fruit
de la Messe que je viens d’entendre. C’est ce que je me propose, avec le secours
de votre sainte grâce. Ainsi soit-il.
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