Sermon de monsieur le curé
Mes biens chers frères, je viens vous donner une instruction, pas vraiment un sermon. Aujourd’hui on ne parle plus de sermon ou de prêche, mais d’homélie. Le sermon était fait à partir des commandements de Dieu ou de l’église, à partir des articles du credo ou encore à partir de la morale. L’homélie consiste à partir de la Parole de Dieu. Et l’idéal serait que l’assemblée prenne la parole.
Vous aurez remarqué toutes les prières qui étaient faites, à la sacristie, pendant que le prêtre s’habillait. Il était très important que le prêtre soit purifié pour présider le Saint Sacrifice. Aujourd’hui on ne parle plus de sacrifice mais de célébration, d’eucharistie, d’ action de grâce. On ne dit plus la messe, mais célébration. Le mot messe du latin missa. Le prêtre terminait la messe en disant : ite missa est , ce qui voulait dire : allez la messe est finie, mais aussi allez la mission commence.
Vous avez déjà remarqué que le prêtre reste dans le chœur et qu’il est très peu en contact avec l’assemblée. Il fait penser au grand-prêtre juif qui était le seul à rentrer dans le Saint des Saints, caché par un grand voile. Je ne sais s’il est vrai qu’il était attaché par une corde pour qu’on puisse retirer son corps en cas de décès derrière le grand voile du temple.
Le prêtre se met en contact avec Dieu, il s’adresse à Dieu, il intercède pour le peuple et au nom du peuple et laisse le peuple l’assister et faire ses dévotions. Certaines personnes, avec leur missel, se cachaient derrière les piliers pour ne pas être distraites, d’autres pouvaient faire leur chemin de croix pendant la messe. S’il y avait des vicaires ils disaient leur messe aux autels latéraux en présence d’un enfant de chœur pendant que tout le peuple participait à la messe du curé.
Le Dieu que le prêtre priait était le Dieu très Haut, très Saint, loin du peuple. Il faisait face à l’autel, à la direction est. Vous avez remarqué que le chœur de notre église est orienté vers l’est, vers l’orient, vers Jérusalem. Notre église a un clocher qui pointe vers Dieu. Les églises modernes n’en n’ont pas et sont de formes plus circulaires pour créer une assemblée. Le prêtre d’aujourd’hui prie devant l’assemblée, prie avec l’assemblée. Cette façon de faire est pour dire que Dieu est avec nous, parmi nous, Emmanuel. Dieu s’est fait proche de l’homme, il s’est même fait Homme.
Nombreuses sont les génuflexions et les signes de la croix. A partir de la consécration, il gardait joints le pouce et l’index jusqu’au lavement des doigts dans le calice, après la communion. L’encens est largement employé. Priant à voix basse à partir de la préface, il élevait l’hostie et le calice après leur consécration pour montrer qu’ils ont été consacrés, et l’enfant de chœur sonnait les clochettes pour attirer l’attention et l’adoration des fidèles. Aujourd’hui ce n’est plus nécessaire puisque la prière eucharistique est dite à voix haute et le prêtre consacre à la vue des gens.
Comme vous voyez, ce sont deux théologies qui se complètent parce que différentes. Sachez qu’à cette époque tout le monde ne communiait pas et que pour communier il fallait être à jeun depuis minuit.
Bien chers frères, cette messe a été dite en latin et en rite Tridentin. Notre intention n’était pas de dénigrer une célébration au profit de l’autre. Notre intention était de vous montrer que nos ancêtres avaient une autre théologie que la nôtre qui se manifestait dans des rites différents. Que la grâce de Dieu soit toujours avec vous. Amen.
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